Vers à soi

Description

Ce petit livre n’est qu’une vague où l’auteur s’est lovée pour esquiver ce fichu « Je » qui devient carnassier dans la solitude des murs de quelque H.P. ni pire, ni pire qu’un autre. Même si « écrire ne sauve de rien », dit Marguerite Duras (in « C’est tout »), elle a voulu nager jusqu’à culbuter ce héraut que l’on fuit et recherche tout à la fois. C’était le moment : elle avait outrepassé l’âge du Christ, alors la lune ombrageait le soleil, la mer chahutait l’horizon. Tu sais ce baiser incertain entre la mer à bout de force qui d’une seule vague happe le devenir du vent et ce boucher d’horizon qui décapite sans vergogne le merveilleux.
Alors elle n’a pas ôté leur pyjama bleu comme la boue et s’est jetée dans son encrier pour durcir la salinité de son cœur entre les vagues molles des mots qui peu à peu l’ont happée. Écrire n’est qu’une indolore noyade, un frémissement de toute puissance qui aussitôt nous rend à La Misère. Elle voulait pêcher l’existence nue, mais écrire est déjà la vêtir. Elle n’a saisi qu’une anguille sauvage qui à chaque mot se dérobe.