Description
Cet ouvrage nous parle d’un métier à peu près totalemnt ignoré, pour ne pas dire occulté, celui d’exploitant. Cette branche de la chaîne cinématographique est délaissée par les commentateurs, les critiques et les théoriciens. On peut même dire qu’elle est assez méprisée.
Se consacrant au domaine de l’exploitation, il se détourne radicalement de tout ce que le cinéma aime montrer de lui-même en tant que machine enchanteresse. Car il ne prend pas la « grande exploitation », les salles prestigieuses, comme objet. Au contraire, il s’intéresse au secteur le plus déshérité, le moins clinquant, celui des salles populaires telles qu’elles existaient dans les années cinquante avant d’être balayées par l’arrivée de la télévision et le développement du parc automobile français.
L’ouvrage insiste sur l’envers du décor. Soit le quotidien d’une salle de quartier, dans son cortège de faits de censure, de difficultés d’approvisionnement en films, de nécessaires débrouillardises.
Bref, la réalité de son fonctionnement, au jour le jour, loin des strass et des paillettes. Les anecdotes rejoignent alors l’essence des choses.
La salle dont nous est relatée l’historique est également typique de l’évolution du parc des salles françaises entre la fin des années cinquante et le milieu des années soixante.
Initialement salle populaire, fréquentée par une modeste clientèle d’ouvriers et d’employés, elle s’est progressivement transformée en salle « art et essai » en renouvelant totalement sa base sociale.
Aussi l’ouvrage développe-t-il une réflexion sur ce qu’il est légitime d’appeler les « goûts du public ». D’une part en « autoscopiant » la programmation des années cinquante, il met à jour quels films, quels acteurs ou quelles actrices, quels réalisateurs, étaient réellement appréciés par leur public, dressant un Panthéon du cinéma bien éloigné de celui que l’on tend aujourd’hui à dresser, tout spécialement dans les travaux des spécialistes.
De l’autre, il révèle l’existence de clivages sociaux somme toute radicaux.
Pourquoi tenir un cinéma, pourquoi diffuser tels films plutôt que tels autres, quel peut-être le sens du métier d’exploitant, l’ouvrage s’achève sur ces interrogations, questionnant ainsi de la notion de culture.
Daniel Serceau est né au Mans. Il habite à Paris dans le qurtier des Epinettes. Animateur de ciné-club, puis directeur et programmateur de la salle « art et essai » Le Patis, au Mans, initiatrice du mouvement art et essai dans le département. Il travaille comme scénariste, assistant-réalisateur, réalisateur, critique, animateur de ciné-club, formateur de formateurs. Passe ses deux thèses (3e cycle et doctorat d'État), devient maître de conférences, puis professeur à l'université de Paris I, Panthéon-Sorbonne. A écrit une douzaine d'ouvrages (notamment sur Kenji Mizoguchi, Nicholas Ray, Jean Renoir et deux textes sur la théorie du cinéma, « Le désir de fictions » et « La théorie de l'art au risque des a priori »), et de nombreux articles sur les cinéastes (René Allio, les frères Dardenne, André Delvaux, R.W. Fassbinder, Howard Hawks, Aki Kaurismaki, Abbas Kiarostami, Fritz Lang, Anthony Mann, F.W. Murnau, Nanni Moretti, Manoel de Oliveira, Max Ophuls, Roman Polanski, Alain Resnais, Eric Rohmer, Roberto Rossellini, Jean Rouch, Ousmane Sembene, etc.).
Archimbaud
Prix :
9,00€
Format : 13,5 x 14,5 cm - 100 pages - Carré Ciné n° 40
Parution : 09/10/2006
ISBN : 2840494701