Description
La dernière partie de la vie de Camus est la plus mal connue de son existence. Elle souffre des clichés qui ont été répandus sur elle, à partir et en raison de l’attribution du prix Nobel. Or, en 1952, la polémique avec Sartre, au sujet de « L’homme révolté », déclencha une crise de conscience qui se doubla, fin 1953, d’une crise conjugale. La sortie de crise s’effectua par des remaniements psychiques, une prise de distance à l’égard de la littérature et un récit curatif, « La chute ». En décembre 1957, les crises reprirent et durèrent. Camus dut suivre une thérapie cognitive et comportementale. La rupture avec ce qui provoquait ces transes, la création littéraire qui rouvrait les plaies mal fermées de l’enfance et de l’adolescence , s’imposa à lui.
Il avait tenté un retour au journalisme, de mai 1955 à février 1956, pour renouer avec un travail d’équipe. Il quitta en silence « L’Express », dirigé par J.-J. Servan-Schreiber et Françoise Giroud, convaincu du peu d’utilité de son rôle. Début 1959, six mois après la décision de « Briser les automatismes /…/ et création elle-même », le changement d’activité, envisagé deux ans avant, fut mis sur les rails. Il avait accepté une mission de « nouveau théâtre » qui aurait pris effet dès juillet 1960.
Le présent volume aborde la dernière séquence de la vie de l’écrivain, au moment où s’impose à lui un impératif de santé : s’éloigner de la littérature pour rejoindre une activité de substitution, l’adaptation et la mise en scène théâtrales. Il se clôt sur les raisons de penser que le dernier roman non abouti de Camus, « Le premier homme », n’eût en aucune façon ressemblé à l’ébauche que nous connaissons.
André Abbou est professeur de linguistique française appliquée à l'université de Paris. Ses travaux de recherche ont porté, partiellement, sur l'uvre de Camus, examinée sous l'aspect de ses systèmes expressifs, avec incidence de ceux-ci sur le sens et la portée des récits, de même que sur l'évolution de l'art et de la pensée de l'écrivain. Les autres domaines de recherche et de publication concernent la communication sociale et l'ingénierie linguistique. Directeur d'une UFR en sciences de l'expression et de la communication, puis directeur du service de la communication en français au sein des services du Premier ministre, il a créé et dirige l'Observatoire français et international d'ingénierie linguistique et du multimédia.