Description
L’influence de la Bible sur la représentation urbaine en littérature est essentielle : au XIXe siècle, la condamnation romanesque de l’asservissement des masses laborieuses se soutient d’intertextes bibliques qui ont alors gardé toute leur portée morale. Qu’en est-il du XXe siècle ? Les écrivains athées persistent à s’inspirer des antiques cités de Babylone ou même de Sodome et Gomorrhe. Cependant, l’énergie du mal circule dans ces romans urbains de manière amorale pour épouser au mieux la modernité et l’incroyable mouvement des grandes capitales comme New York, Paris, Londres et plus tard Los Angeles. L’apocalypse toujours à l’horizon devient un formidable catalyseur de la création littéraire, dont ce livre témoigne de manière érudite et vivante. La notion scientifique d’entropie devient alors le principe neutre de la malédiction biblique de la ville et le fil rouge des fictions américaines et françaises de la seconde moitié du XXe siècle.
Les grands auteurs analysés dans ce travail (Proust, Joyce, Dos Passos, Céline, Allen Ginsberg, Henry Miller, William Burroughs, Butor, Duras, Thomas Pynchon, Bret Easton Ellis, etc.) explorent de nouvelles formes romanesques infiniment modulables.
La crise de la représentation urbaine a su produire un retour réflexif sur les outils romanesques. La ville maudite livre sa « part du feu » pour le plus grand bonheur du critique littéraire.
Frédéric Sayer est agrégé de lettres, docteur en littérature comparée et psychologue clinicien. Il enseigne actuellement la littérature comparée à l'université de Pau.